Tant qu’il restera quelque chose à détruire – Mag Lévèque

Le livre s’ouvre sur les mots les plus durs qu’il soit, par une réflexion de l’autrice qui vous glace le sang : « Quand je vois le nombre de femmes qu’ils tuent, je me dis quelle chance j’ai d’avoir été violée par un mec bien. ». Le ton est donné, rien ne sera moins puissant que cet incipit. Alors le verbe se fait aussi bien thérapeutique que cathartique, il dit les maux et l’indicible pour mieux tenter de réparer ce qui a été brisé de manière violente. Il donne corps à la honte et à la culpabilité, à la sexualité et à l’injustice, il traduit de manière infaillible l‘éprouvante reconstruction, la bien heureuse sororité et finalement la nécessaire poésie qui émancipe autant qu’elle contredit le corps. 

je construit un mur autour de mon lit
autour de mon squelette
c’est samedi soir
l’errance dans mon ventre
devient la fin du monde.

j’ai survécu
une petite bombe dans le coeur
prête à exploser

Dans ce texte virtuose, Mag Lévêque déploie avec un talent rare une poésie puissante et viscérale qui vous cloue sur place autant qu’elle vous projette dans l’après d’un viol. Une splendeur nécesssaire. 

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