Annis est née esclave. Elle partage sa condition d’horreur avec sa mère qui tente de lui apprendre, avec les moyens dont elle dispose, les rudiments du combat et l’histoire de la lignée de femmes qui composent sa généalogie. Annis est le fruit d’un viol, celui de son propriétaire qui est, par conséquent, aussi son père. La jeune fille voit sa vie basculer lorsque sa mère est vendue à un autre propriétaire. Séparée de la seule personne qui se souciait d’elle, elle poursuivra son existence pendant quelques années avant de connaitre le même sort. Commence alors un chemin de torture et de souffrance qui doit la conduire jusqu’à la Nouvelle-Orléans. Tout au long de ce chemin, Annis sera la proie des pires sévices. Elle devra puiser au fond d’elle-même pour trouver la force de poursuivre, pour survivre et se raccrocher aux enseignements de sa mère et aux forces animistes transmises par sa grand-mère, guerrière auprès du roi du Dahomey.
Elle sera toujours près de moi. Je le comprends à travers ma respiration hachée. À travers mes mains crispées. J’ai la certitude que je verrai son reflet dans la brillance tavelée de la lune et son éclat fragile. Je la verrai parmi l’infinité d’étoiles fichées dans le ciel de mélasse.
Jesmyn Ward nous livre un roman sur l’esclavage à nul autre pareil. Les pires atrocités et les épreuves les plus inhumaines infligées aux esclaves durant cette période nous sont racontées par la voix d’Annis sur un ton intimiste, presque confessionnal parfois, qui inflige au lecteur des pages saisissantes d’effroi et de colère. Mais cette voie réaliste est complétée par des passages plus oniriques et poétiques qui donneront à la nature une force narrative propre et des respirations essentielles au texte. Un vrai tour de force.










