Tiens ta langue – Matthew Tétreault

Richard vit à Sainte-Anne-des-Chênes, Manitoba. Il erre entre un chagrin d’amour mal digéré et une carrière de vidangeur de fosses septiques peu valorisante. Alors, le jour où son grand-oncle Alfred est victime d’un AVC et que l’existence de cette figure grand-parentale est en suspens, il entreprend de revisiter l’histoire familiale avant qu’une partie de sa mémoire ne s’en aille. Commence alors une déambulation entre les lieux et le passé qui convoque tour à tour les souvenirs intimes d’une famille autochtone et d’une page de l’histoire des spoliations subies par les premières nations lors de la colonisation du pays. Dans ces terres où se croisèrent tant de personnes et de cultures, le métissage qui en résulte se décèle aussi bien sur les visages que dans les langues parlées, qu’il s’agisse du mitchif ou du français, elles s’apparentent à une tare au lieu de célébrer la différence. 

Ils ont rangé leur langue maternelle dans un placard ou un grenier, comme une guitare oubliée, poussiéreuse, aux cordes rouillées et au timbre faux, une mélodie qu’on ne pratique plus. Des mots manquants comme des notes absentes.

Porté par une langue d’une incroyable vitalité qui mêle tout ce qui entrecroise le français, le franglais, le mitchif et bien d’autres trouvailles, ce texte est une expérience de lecture à nul autre pareille. Matthew Tétreault signe un premier roman vertigineux et splendide qui questionne aussi bien le multiculturalisme que ses identités, qu’elles s’expriment par un rapport au monde ou par la langue parlée. 

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