Roman à la puissance incomparable, La Faculté des rêves évoque dans une biographie fantasmée et implacable, l’existence de Valerie Solanas. Figure majeure du féminisme radical, autrice du salutaire Scum Manifesto et « seule pute intellectuelle publique de l’Amérique », Valerie Solanas est une personnalité unique en son genre et il fallait bien tout le talent de Sara Stridsberg pour nous en raconter l’existence.
Tu déambules sous les arbres avec tes pensées gratte-ciel. Il y a les grands arbres américains, il y a entre les troncs des ombres aveugles et sanguinolentes, il y a dans ton souvenir les cheveux blonds de Louis qui tombent et retombent sur tes mains, la lumière du soleil, les vapeurs d’essence, cette sensation de gaz carbonique dans tes bras. Tu rêves d’une machine à écrire, que Dorothy t’offre enfin une machine à écrire, tu rêves que vous vous sauvez d’ici, que vous déguerpissez du désert, de cette vie merdique à Ventor. Tes mains font des envolées et des étincelles sur les touches noires de la machine, sur l’autoroute qui s’enfuit d’ici.
De son enfance paisible avec sa mère à son désenchantement adolescent du fait des abus de son père, des passes en Floride pour acheter des livres au New York des années 60, Sara Stridsberg nous restitue avec poésie, sensibilité et sans rien nous épargner, le parcours d’une femme libre et intense, magnifique et sans foi ni loi.
