Rouille – Camille Leyvraz

Ses parents la mettent au ban, elle mange seule, après eux grâce aux attentions bienveillantes et protectrices de son frère. Lui, il ne la juge pas, il prend soin d’elle, la porte quand il le faut. Mais les autres sont froids et distants avec elle, sa mère et son père donc mais aussi tout le village qui la regarde de biais. Sa faute ? Etre tombée enceinte après avoir été violée par le fils Reynet. Lui a d’ailleurs disparu et, peut-être, le frère n’y est pas étranger. C’est d’ailleurs ce que pense sa mère lorsqu’elle vient faire du scandale chez eux. Alors que sa grossesse se passe dans cette promiscuité honteuse, elle entrevoit la possibilité d’aller vivre chez les femmes seules du village une fois qu’elle aura accouché. Mais tout n’est pas écrit et les possibles évoluent avec le temps. 

Je lui dis que l’enfant en sortant a pris un bout de mon ventre et que je sens mon souffle dans le sien. Je raconte l’enfant le matin qui cherche mes yeux. Je lui dis que j’aimerai tant qu’il n’existe pas, pourtant je me battrais si l’on voulait me l’enlever.

Avec ce premier roman à l’écriture aussi dénuée que puissante, Camille Leyvraz nous offre un récit de lutte et de survie grandiose et âpre. Le corps de son héroïne, qui abrite autant la vie que la honte, l’avenir que la violence, est le terrain d’une lutte sans cesse renouvelée contre l’oxydation et l’érosion de nos vies. Une splendeur. 

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