Plus que l’eau qui ruisselle sur nous, c’est la permanence illisible de ce temps qui pèse sur nos vies. L’incompréhension, l’incertitude, une angoisse diffuse face à ce qui vient mais que nous sommes incapables de nommer.
Dans un Toulouse du futur baignée par des pluies incessantes, Paul Sorensen tire deux balles dans la tête de son père alors que celui-ci se trouve à la morgue, terrassé par une longue maladie. Pourquoi assassiner un mort? Paul devra s’expliquer de son geste, d’abord à la police, puis au procureur et finalement à un psychiatre. La confession reviendra alors sur les horreurs vécues par Paul sous le joug de ce géniteur démoniaque mais aussi sur la morne existence de ce narrateur qui ne sait pas ou plus comment interagir avec ses semblables et qui semble fort inadapté au monde dans lequel il évolue, perdu entre ressenti et mélancolie.
De cette longue anamnèse, Jean-Paul Dubois tire un récit tantôt poétique, tantôt drôle, tantôt philosophique qui questionne sur notre rapport à la mort aussi bien que celui que l’on entretient avec les vivants. De filiation malheureuse aux petits instants de bonheur glanés auprès d’un animal de compagnie, les lueurs d’un espoir se faufilent à travers les brèches d’un mur de méchanceté.
