C’est une mère qui a deux filles ; la Grande Petite et la Petite. Entre ces deux êtres et leurs venues au monde, il y a eu un possible autre enfant, nommé Calme, mais qui n’est pas arrivé à voir le jour, une fausse couche tardive. Elle s’adresse tour à tour à chacun des trois enfants, exprime son rapport à la maternité qui est très éloigné du bonheur béat que l’on nous vend. Elle parle de son corps, marqué par ces grossesses, elle nous livre son rapport à la perte, ses inquiétudes face à l’inconnu d’un monde qui semble si inhospitalier, de l’année sans été, de la parution de son premier livre, de ses doutes, de ses certitudes, de ses bonheurs et de ses hospitalisations, de son accompagnant et de cette cellule familiale qu’elle a fondée. Elle tente de nous rendre la tessiture si particulière du quotidien d’une jeune mère de famille dans un monde qui semble sur le point d’exploser, comme l’a fait le volcan Tambora en 1815.
Ces phases, elles laissent des traces. Mais il est difficile de retrouver les souvenirs ponctuels, insignifiants du quotidien ensemble. Nous, les familles, vivons un présent en expansion perpétuelle. Il s’insère dans les rainures du passé, le recouvre goulûment. J’aimerais parler d’autre chose que des moments marquants, des événements. J’aimerais rendre la texture du quotidien.
Ce texte est une splendeur pure qui traite d’un sujet intime, la maternité, avec la virtuosité qui mène à l’universel. Avec une phrase toujours magnifique et des fulgurances poétiques, l’écriture de Tambora incarne pleinement le propos de l’autrice et restitue la densité du fond autant que la subtilité des émotions qui nous assaillent à cette lecture. Une confirmation totale après un magnifique premier roman « Partout le feu ».
