Victoire a 25 ans, un bout d’études universitaires qui ne lui servent à pas grand-chose en poche et une furieuse envie de vivre pour la fête. Dans les soirées électro de Berlin, elle enchaine les nuits à danser et à boire, prends toutes les drogues possibles et nécessaires pour enchainer les fêtes et ne se soucie du lendemain que lorsqu’il signifie la fin de la fête. Elle reprend alors le job alimentaire qui lui permet de subvenir tant bien que mal à ses besoins et de payer le petit appartement qu’elle s’est déniché.
Les week-ends se succèdent les uns aux autres et les questions qui viennent avec l’âge se cachent aux détours des rencontres. D’abord celle avec Dimitri qui promet presque des lendemains qui chantent, une angoisse d’une existence « normale » atténuée. Mais les démons sont toujours là et la dépendance aussi, les temps ne sont pas devenus d’un seul coup moins anxiogènes mais la manière d’en rechaper n’est plus la même et cette relation ne concrétisera pas ses promesses.
Ses parents. Victoire se demande souvent comment ils en sont venus à la concevoir alors qu’ils auraient sûrement été plus heureux sans elle. Peut-être parce que c’était les années 1990, que l’URSS s’était effondrée, qu’on croyait à une résolution du conflit israélo-palestinien, que le réchauffement climatique était loin des préoccupations et que le progrès technique et le capitalisme permettraient l’avènement de la démocratie dans le monde entier.
Derrière le portrait de Victoire et de ses amis, s’est toute une génération qui est questionnée sur son rapport à l’existence, à une société qu’elle ne comprend pas ou qui semble parfaitement opposée à ce qui l’anime. Comment s’investir dans un projet de vie qui n’est pas le sien ? Où trouver du sens au temps que nous passons sur terre ? Doit-on forcement se responsabiliser pour devenir adulte ? Mathilde Henzelin réussit avec ce très puissant premier roman à nous questionner sur notre rapport au réel et nos moyens d’y échapper.
