Agathe arrive à saturation le jour du séminaire de rentrée de son entreprise. Elle dégueule l’open space, conchie ses supérieurs et ne supporte plus ses collègues. Alors elle décide de partir, simplement. Elle quitte la place pour déambuler dans les rues de sa ville à la recherche de sens, de sororité ou d’un autre chose qui lui permettrait d’endurer encore un peu l’absurdité de son existence. Mais elle ne croise que les stigmates d’une domination masculine omniprésente, que les relents des systèmes d’oppressions colonialistes, que les émanations de l’aliénation capitalistique. Monte alors en elle une colère insatiable et salvatrice qui s’incarnera bientôt de manière tangible et ouvrira la porte à une possible vengeance.
Je me lève lentement et je ressens une drôle de sensation. Celle d’avoir muté peut-être, tout compris d’un coup, déplacé tous les gestes du contrat social qui divise les hystériques des autres humains. Ce rire déployé, ce rire que personne ne s’autorise. Personne de bien, personne de la vie. Personne comme moi, jeune cadre déprimée délétère qui décide de prendre sa vie à l’envers de son aliénation.
Dans ce premier roman à l’écriture virtuose, Elisa Bories nous entraine dans une déambulation urbaine et sauvage qui questionne aussi bien la réappropriation des espaces publics par les dominé.e.s que la colère et la rage comme sentiments générateurs de luttes et de résistances. Un souffle de fraicheur et de radicalité qui déferle sur les lettres francophones.
