Pathemata est un mot issu du grec ancien qui signifie « ce qui est enduré ». Maggie Nelson l’utilise pour dresser la liste des symptômes qui affectent sa bouche de douleurs chroniques que personne ne semble pouvoir guérir. Mais au-delà de cet inventaire qui doit servir à guider les thérapeutes, elle questionne le rapport des écrivains à leur bouche et s’amuse du fait que cette affection gagne en particulier cette partie de son anatomie. Alors comment trouver les mots justes pour décrire la douleur ou la perte quand dire devient souffrance ?
Elle déroule, dans ce nouveau livre, un récit tantôt intimiste et thérapeutique, tantôt poétique et humoristique qui nous emmène dans une réflexion sur la douleur. En filigrane, se dessine également la question de notre rapport à la médecine et à l’autorité incarnée par les figures des soignants. En effet, elle se sent vulnérable face au mal qui l’affecte mais aussi face aux assertions portées par le corps médical qu’elle n’ose contredire ou infirmer. Et cette vulnérabilité se répand jusque dans sa vie privée tandis que son couple se délite. Et se pose finalement la question de la perte, celle de son conjoint mais aussi d’une amie et mentor car la souffrance peut prendre plusieurs incarnations.
Parfois je me demande à quoi j’aurais pensé pendant toutes ces années si je n’avais pas autant pensé à la douleur.
Puis je me rappelle que j’ai pensé à beaucoup d’autres choses.
Et je ne suis pas persuadée que notre but dans la vie soit de penser à un maximum de choses.
Avec une écriture fragmentée et précise et une acuité cognitive acerbée, Maggie Nelson poursuit son entreprise qui consiste à arpenter les différentes strates de nos existences pour y déployer ses réflexions et son empathie qui nourrissent immanquablement les nôtres.










