Chaque soir, Francis s’installe devant le commissariat de St-Denis pour y passer la nuit et revendiquer le droit de dormir en prison. Il a longtemps fréquenté le dépôt de mendicité de Nanterre qui lui offrait cette possibilité. Mais les réaffectations successives de ce bâtiment nommé La Maison ne permettent plus cette option. L’autrice décide alors de visiter ce lieu unique et méconnu en compagnie de Francis et de l’attachée culturelle de l’institution. A travers les déambulations de la petite équipée et les récits hauts en couleur de Francis, se dessine l’histoire de ce bâtiment qui fut successivement une prison, un hôpital, un home pour personnes âgées ou le fameux dépôt de mendicité.
La rencontre avec l’autre, l’altérité, puisqu’au fond ne s’agit-il pas de cela, celle, intrusive, qui déchire en nous le connu, celle, unique, à quoi l’on prête corps (ce que Francis appelle manifestation), est rare et frappante, et ne survient que pas accident (encore faut-il être prêt).
Avec un talent rare, Virginie Barreteau restitue le déroulé de cette visite et la parole de Francis. La rencontre entre la plume fine et pleine de vie de l’autrice et la gouaille de son sujet dessine un portrait de la marginalité francilienne et le déclassement encore plus violent qui la menace depuis le nouveau millénaire. Un texte splendide, âpre et nécessaire.
