Je rêve du jour où des hommes auront peur de notre réaction. Peur de sortir amochés d’une tentative de viol. Du jour où ils changeront de trottoir en nous voyant de loin. Je rêve du jour où la colère des femmes sera publiquement reconnue pour ce qu’elle est: une arme.
Depuis des temps immémoriaux, la société apprend aux femmes à se faire discrètes en cas d’agression, à ne pas rendre les coups, à fuir dès que possible, à faire profil bas et ne surtout pas « attiser » la colère de l’agresseur. Car il s’agit bien d’hommes qui agressent des femmes, physiquement, sexuellement et psychologiquement. Dans son analyse, Marie-Pier Lafontaine introduit la notion de « trauma insidieux » et montre comment la culture du viol en cours dans nos sociétés fabrique ces encouragements à la soumission. Elle dresse dès lors le constat que les agresseurs n’ont, eux, jamais peur de se faire agresser, d’avoir mal ou de se voir infliger des blessures. Si l’on est encore loin de ces réactions, il convient d’établir un autre plan d’action : parler, écrire, lire et dire la colère et la haine, le trauma et la rage. Marie-Pier Lafontaine y prend alors part dans un acte militant plus que salutaire et nous ouvre des perspectives autant esthétiques que politique pour se dresser, enfin, contre cette culture insidieuse qui nous soumet touxtes dans ces états de domination. Merci.
